Interview de Eric Chazerans
Voici l’épisode 5 de mon podcast Communication de campagne, avant une pause estivale je l’espère ensoleillée !
Mon invité Eric Chazerans, fondateur de KATHEKON, accompagne les organisations, entreprises, collectivités, associations, dans leur démarche de Responsabilité Sociétale des Entreprises ou RSE
Nous avons échangé près d’une heure trente sur le sujet, j’ai dû faire quelques coupes à mon grand regret tant le sujet est passionnant.
Eric cible surtout sur les entreprises industrielles situées hors des métropoles.
Il raconte combien ces entreprises l’intéressent, étant implantées sur des territoires qui sont fortement concernés par la pérennité de celles-ci et par l’impact positif qu’elles peuvent apporter en s’appropriant la démarche RSE.
La communication est une des facteurs clés de succès de la démarche RSE, notamment la communication interne afin d’engager toutes les parties prenantes de l’entreprise.
Un grand merci à lui pour cet entretien, et merci à l’hôtel du Griffon d’Or de Bourg-en-Bresse pour nous avoir reçus dans son salon.
Mentions au cours de cet épisode :
IRCOM
Adapei 69
Eaton Cabinet Merlin
Céline Baleydier-Delhomme
Le podcast Communication de campagne est disponible sur toutes les plateformes de streaming (Apple, Spotify, Deezer, Amazon Music, Podcast Addict…).
La transcription est disponible sur Ausha.
Chaque début de mois, découvre l’interview d’un/e acteur/trice qui fait bouger la campagne, qui en fait une force.
On parle stratégie de communication pour se rendre visible et se développer.
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Orateur #0
Bonjour, bienvenue dans le podcast Communication de Campagne. Je suis Gaëlle LETHENET, sa fondatrice. On se retrouve une fois par mois pour parler de ruralité. Comment faire de la ruralité un allié de développement ? Développement économique, mais aussi social, sociétal, environnemental et culturel. Hors des grandes villes, des grandes agglomérations. Pour cela, je vais à la rencontre de celles et ceux qui font de la ruralité une force. Ensemble, on aborde les solutions pour créer du lien, des enclavés pour faire société. Mon intention avec ce podcast est de découvrir des réalisations inspirantes qui ont fait du territoire rural un facteur clé de leur succès. Je les interroge sur l’angle de la communication, qui fait partie des conditions essentielles pour la réussite d’un projet. Si tu apprécies ma démarche, tu peux en parler autour de toi, partager, écrire un commentaire ou donner une note. Si tu veux me contacter, Écris-moi à comdecampagne.com J’ai de la chance. Dans cet épisode, je reçois une fois de plus un homme passionné par son métier, Éric Chazerans, fondateur de la société KATHEKON. Éric a créé son entreprise pour accompagner les autres entreprises, pour contribuer à leur pérennité. Son cœur de métier, instaurer une démarche de responsabilité sociétale des entreprises, où… RSE. Car désormais, il est essentiel de transformer le modèle connu depuis des décennies de produire toujours plus pour un modèle plus respectueux de l’environnement et des êtres humains, tout en produisant de la valeur. Une équation complexe, mais possible. Le témoignage de Martial Darbon lors de l’épisode précédent et de la création de la marque C’est qui le patron en est une illustration. Pas de hausse de production, un prix fixé par les consommateurs de manière à rendre pérennes les exploitations agricoles. Eric est de cette trempe. Accompagner, trouver des solutions pour engager l’entreprise dans la bonne direction, celle de la durabilité. Ne pas abandonner à la première difficulté et s’attacher à un discours de vérité avec ses clients. Son moteur, c’est l’émerveillement. Garder le cœur grand ouvert à l’émergence d’un possible, d’une idée, de sa réalisation en collectif, à son aboutissement. Son enthousiasme est contagieux et rayonne dans la pièce pendant l’entretien. Ses yeux bleus pétillent pendant qu’il évoque son métier. Quel rapport avec le rural me demanderez-vous ? Eh bien, Eric est attiré par les entreprises implantées dans la campagne, notamment les entreprises de sénateurs, comme il aime à les appeler. Vivant à la campagne lui-même, il reste aligné en choisissant de proposer ses services à ces entreprises éloignées des métropoles. Elles aussi ont besoin d’être guidées dans la mise en œuvre de leurs plans de RSE. Le rural offre donc des opportunités. Encore faut-il être mobile. et partir sur les routes de nos campagnes. Je te propose maintenant de faire un pas de côté dans cette introduction pour te parler des origines de la RSE avant de lancer l’entretien. 1994, les 27 pays qui composent l’Union européenne sont signataires de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques. 1997, ratification du protocole de Kyoto qui engage les pays les plus développés à limiter la pollution de gaz à effet de serre responsable du dérèglement climatique. 2015, accord de Paris signé lors de la COP21 par 193 pays pour limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 degrés et idéalement 1,5 degré. Ce n’est pas un scoop, on n’y est toujours pas à ce jour. 2019, l’Union européenne a mis en place le pacte vert, sa feuille de route environnementale. Son objectif est d’atteindre la neutralité climatique en 2050. Dans ce cadre, l’Union européenne a émis la directive CSRD ou Corporate Sustainability Reporting Directive. En français, ça donne DPEF, Déclaration de Performance Extra-Financière. Concrètement, c’est un rapport de durabilité que certaines entreprises doivent publier dans leur rapport de gestion. C’est là que la démarche RSE apparaît. Elle permet de déterminer les objectifs, la feuille de route et les indicateurs de l’entreprise. pour améliorer ses pratiques environnementales, sociales et de gouvernance. Enfin, en 2017, la loi sur le devoir de vigilance oblige les grandes entreprises à mettre en place des mesures de surveillance pour prévenir les risques environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leurs unités de production, leurs filiales, mais aussi chez les fournisseurs. Voilà, j’ai fini avec le contexte et les origines de la RSE. Alors, la localisation d’une entreprise en milieu rural a-t-elle un impact sur la RSE ? Peut-être qu’elle est déjà naturellement installée dans l’ADN de cette entreprise ? C’est l’une des questions que je vais poser à mon invité. Et c’est maintenant. Allez, Eric Chazerans, bonjour.
- Orateur #1
Bonjour Gaëlle.
- Orateur #0
Je suis ravie que tu aies accepté mon invitation. Je te remercie.
- Orateur #1
Je suis ravi d’être là, vraiment.
- Orateur #0
Et je remercie également Céline Balédier de L’Homme, de Jardin Intérieur, qui nous a mis en relation. Alors Eric, tu es le dirigeant et cofondateur de KATHEKON. Ton fondateur est Jean-Sébastien Cadix. Vous avez créé donc KATHEKON, qui accompagne les entreprises dans les démarches de RSE. Donc tu vas nous expliquer tout cela ?
- Orateur #1
Bien sûr, avec plaisir.
- Orateur #0
Mais avant, j’aime bien demander à mon invité qu’il nous décrive l’endroit où on réalise cette interview. Ainsi l’auditrice, l’auditeur peut un petit peu s’imaginer où se passe cette interview, rentrer un petit peu dans la bulle avec nous, dans la bulle de discussion.
- Orateur #1
C’est avec plaisir, je ne m’attendais pas à ce qu’on commence par ça, mais c’est une très bonne idée parce qu’on est dans un endroit hyper cosy, dans un hôtel, on est à Bourg, le nom de l’hôtel je ne l’ai plus.
- Orateur #0
Le Gryffondor. D’ailleurs, au passage, je remercie le gérant de bien vouloir nous accueillir dans son hôtel.
- Orateur #1
Voilà, c’est un hôtel que les fans d’Harry Potter apprécieront, j’imagine, puisqu’il y a une famille qui s’appelle Gryffondor. Là, on est dans un salon un petit peu cosy avec une table de billard. On voit de très, très belles poutres. Là, ça a été refait avec beaucoup, beaucoup de goût. On est sur des couleurs assez chaleureuses. On est tous les deux assis sur un petit canapé velours. Moi, je suis assis sur un petit fauteuil tout cosy. On a des fenêtres qui laissent rentrer une belle lumière. Et puis, quelques petites plantes, quelques statues, une petite bibliothèque juste en face de moi. Presque l’impression d’être dans un coin un petit peu à part, un peu chez nous. Donc, très chaleureux, je trouve, en tout cas.
- Orateur #0
On est au calme. On a effectivement la chance d’avoir le soleil après des journées bien pluvieuses. Donc, on est dans de bonnes dispositions pour démarrer cette interview. Alors on va revenir à toi et à KATHEKON, je te laisse te présenter, présenter ton parcours, comment tu en es venu à t’intéresser à la responsabilité sociétale des entreprises et présenter ta structure.
- Orateur #1
Très bien, je m’appelle Eric Chazerand, je l’ai fondé KATHEKON en 2020, avant d’arriver à cette fondation d’entreprise, à cette création d’entreprise. Moi j’ai un parcours assez atypique puisque j’ai un bac irlandais que j’ai passé avant. Avant qu’Erasmus existe ou au moment de la création d’Erasmus en 1996, j’ai suivi des cours de droit mais c’était pas ma tasse de thé. Je suis parti dans un établissement que tu connais bien, Alircom, en 1999, pour suivre un cursus de lettres modernes et sciences politiques. Je suis parti à Taïwan pendant un an. Et puis ensuite j’ai enchaîné à mon retour des études de lettres, journalisme, et j’ai été journaliste de 2004 à 2015. Avec une deuxième parenthèse Alircom en 2009-2010 d’ailleurs. Journaliste parce que j’étais curieux du monde et puis ça a toujours été un métier un peu passion. Donc j’ai choisi ça, j’ai choisi ce métier, j’ai eu la chance de vivre un métier passion et de vivre mon métier passion pendant une douzaine d’années. En presse locale particulièrement, pas très loin d’ici en Bourgogne et puis un petit peu dans l’ouest aussi, j’ai des vrais attaches dans l’ouest en plus d’Angers puisque j’ai travaillé trois ans entre la Vendée et Nantes.
- Orateur #0
Juste pour préciser donc l’IRCOM c’est l’institut de relations publiques et de la communication. C’est une école qui est située à Angers principalement et qui a également une antenne à Lyon maintenant.
- Orateur #1
C’est ça, ils ont ouvert un deuxième établissement à Lyon il y a 4-5 ans et ils accueillent leur première promotion de master depuis l’année dernière je crois. Donc c’est une école en tout cas moi qui m’a apporté beaucoup et donc j’aime bien en parler, en tout cas c’est un des repères dans ma vie.
- Orateur #0
La mienne aussi. Donc voilà on fait un petit coucou à l’IRCOM au passage. Exactement. Voilà deux anciens qui se retrouvent à Bourg-en-Bresse dans l’Ain.
- Orateur #1
Et on ne se connaissait pas. On est presque voisins puisque moi j’habite en Saône-et-Loire voisine de l’autre côté de la Saône. J’ai quitté le monde de la presse pour revenir un petit peu à mon parcours en 2015 parce que j’avais un peu fait le tour. En fait, je ne me retrouvais plus. Et là, je me suis mis à mon compte et c’est comme ça d’ailleurs que je suis arrivé à la RSE. J’ai passé toute une carrière en tant que journaliste, photographe, fait diversier, chef d’agence, manager, responsable d’édition. Je suis sorti de là en me disant mais comment je vais m’intégrer dans le monde de l’entreprise. Qu’est-ce que je peux faire ? Parce que journaliste, j’ai l’impression de pouvoir tout faire sans savoir rien faire. Et donc je me suis offert un petit temps d’exploration entre 2016 et 2018. Un petit temps d’exploration qui m’a permis finalement de découvrir le monde des startups, de redécouvrir le monde de l’industrie, mais plus du côté du journaliste comme je pouvais le faire avant, mais vraiment de l’intérieur, comme quand j’étais étudiant. J’ai beaucoup bossé dans l’industrie étudiant et j’ai adoré ça. Et cette période d’exploration m’a vraiment donné l’opportunité. d’approfondir et de confirmer une intuition qui est que face aux enjeux du monde d’aujourd’hui, l’entreprise est un des lieux parfaits pour répondre, pour apporter des réponses. Quand je dis enjeux, on va naturellement penser aux enjeux climatiques, aux enjeux environnementaux, mais il y a également des enjeux sociaux, il y a des enjeux de territoire, et c’est pour ça que je suis hyper content d’être là parce qu’on va parler de ruralité, et pour moi c’est un de mes moteurs dans mon activité. Il y a des enjeux de gouvernance, et tout ça finalement, ça se vit… au sein des entreprises. Et les entreprises, aujourd’hui, doivent s’organiser pour répondre à ces enjeux. C’est ça, la RSE, la responsabilité sociale de l’entreprise. Et donc, moi, je suis arrivé dans ce monde-là un petit peu par hasard et par conviction. Par hasard, parce que je n’avais pas du tout prévu de monter ma boîte. Je ne suis pas entrepreneur dans l’âme. Et par hasard, parce que c’est un secteur, finalement, que j’ai découvert relativement tard, la RSE. Et puis, par conviction, en fait, parce que j’ai la conviction que le monde de l’entreprise, c’est un monde génial et qu’il faut accompagner ce monde-là. vers la transformation d’un modèle pour passer d’un modèle plutôt linéaire, c’est-à-dire j’exploite, je produis et je profite, à un modèle de plus en plus circulaire, à savoir je fais attention à mes ressources et j’essaye de réutiliser au maximum et de prendre soin de l’ensemble de ma chaîne de production, de ma chaîne de valeur.
- Orateur #0
Ce choix se tourne essentiellement vers les entreprises du secteur privé ou ça peut également concerner une collectivité, une association.
- Orateur #1
Alors on a travaillé déjà avec des associations, on a travaillé avec l’AdaPi par exemple Rhône. Ce choix au départ c’est quand même l’entreprise du secteur privé et très particulièrement l’industrie. L’industrie, les travaux publics, en fait moi j’aime la matière. Je suis quelqu’un qui fait que des professions textuelles mais du coup j’ai besoin de me raccrocher à du tangible, à du concret et dans l’industrie on transforme la matière. Donc il va y avoir des enjeux d’approvisionnement, il va y avoir des enjeux sociaux internes parce qu’il y a du bruit, il y a de la pénibilité, il y a du danger. C’est des métiers qui ont longtemps été, enfin moi je me rappelle quand j’étais lycéen, les lois de garage on finissait dans l’industrie, ce qui m’a toujours un peu choqué d’ailleurs. Et puis derrière c’est des métiers où on parle beaucoup de réindustrialisation, on parle beaucoup de souveraineté industrielle. C’est des métiers sur lesquels il y a des vrais enjeux dans un projet de société beaucoup plus global. Moi, c’est vraiment les entreprises que j’aime. Après, l’entreprise a trois ans. J’ai créé KATHEKON en 2020. Trois ans et demi. Je ne peux pas me permettre aujourd’hui de rejeter tous ceux qui tapent à la porte sous prétexte qu’ils ne sont pas industriels parce que je bouffe à tous les râteliers pour développer le projet. Donc, on fait principalement, effectivement, de l’entreprise privée un petit peu d’association. Et moi, ça répond à ma fibre un peu sociale en plus qui est importante. Et on se tourne aujourd’hui de plus en plus par le biais des marchés publics vers les collectivités territoriales. Parce qu’elles ont aussi des enjeux de territoire notamment qu’on a envie d’adresser et on a envie de leur aider à apporter des réponses.
- Orateur #0
Est-ce que tu peux nous expliquer ce que c’est, à quoi ça sert et puis qu’est-ce que ça apporte aux entreprises d’initier une démarche RSE ?
- Orateur #1
C’est une bonne question parce que la RSE c’est un acronyme qui veut dire responsabilité sociétale de l’entreprise et c’est un acronyme derrière lequel on met beaucoup de choses. Et chacun peut avoir un petit peu sa propre vision de la RSE. Donc la définition que je vais donner ce n’est pas une définition universitaire. Mais c’est la façon dont moi j’imagine cette notion de responsabilité sociétale de l’entreprise. Qu’est-ce que ça veut dire responsabilité ? Ça veut dire que l’entreprise, en fait, elle doit rendre des comptes. Elle rend des comptes en interne à ses partenaires sociaux, à ses actionnaires quand il y a des actionnaires, à ses dirigeants, à ses managers, à ses salariés. Elle doit aussi aujourd’hui rendre des comptes à l’ensemble de son écosystème. Elle peut aussi du coup demander des comptes à l’ensemble de son écosystème. Ça c’est le premier point, mais c’est un point qui est très partiel parce que c’est pas qu’une question de balance. Je te donne, je te prends, c’est pas qu’une question comptable la RSE. C’est aussi comment moi, en tant qu’entreprise, en tant que chef d’entreprise, je vais faire du bien au monde qui m’entoure. C’est ça la responsabilité, c’est-à-dire qu’on sait que la planète a des limites, on sait que la personne, la dignité de la personne, donc de nos collaborateurs, c’est quelque chose, en tout cas pour moi, qui est non négociable. On sait qu’il y a des éthiques des affaires, il y a des éthiques de pratiques, on sait qu’on s’intègre dans des écosystèmes avec… des acteurs plus ou moins fragiles et plus ou moins solides. Et en fait, la responsabilité sociétale de l’entreprise, c’est comment, par mon activité économique, au sens noble du terme, comment est-ce que j’essaye de faire du bien au monde qui m’entoure, donc de prendre soin des collaborateurs, de l’environnement et de mes parties prenantes que sont mes clients, mes fournisseurs. Finalement, la RSE, en fait, c’est du bon sens. C’est du bon sens, c’est-à-dire que je prends soin de mon entreprise parce que je suis dirigeant. d’entreprise, donc il faut qu’elle fonctionne plutôt bien. Et en prenant soin de mon entreprise, je prends soin de mon outil de production, je prends soin des personnes qui le font tourner, donc de mes collaborateurs, et je prends soin des personnes qui me permettent d’avoir une activité, donc mes fournisseurs, mes clients, mais aussi mes partenaires, mais aussi mes voisins, mais aussi l’ensemble des acteurs de mon écosystème au sens territorial du terme.
- Orateur #0
Alors, dans un environnement mondial, une concurrence mondiale, est-ce que c’est simple d’installer une démarche RSE en changeant, comme tu disais, de modèle adaptant, enfin voilà, adapter son modèle à quelque chose de plus vertueux, alors que les autres pays n’ont pas forcément les mêmes obligations. Bon, mon regard se tourne vers l’Est, la vie, comment est-ce qu’on peut faire ?
- Orateur #1
Alors déjà, merci d’utiliser le mot vertueux parce que je pense que c’est vraiment le mot central de la RSE, c’est-à-dire quelque chose qui relève de la vertu et pas seulement de l’obligation ou de l’éthique personnelle. Il y a quelque chose de très universel dans la vertu. Je pense déjà que ce ne serait pas simple même si on n’était pas dans ce contexte d’ultramondialisation et de libéralisme économique. Pourquoi ce n’est pas simple ? Parce que changer n’est pas simple. Et aujourd’hui, il n’y a pas de démarche RSE, moi je n’y crois pas, qui n’implique pas de changement en profondeur. des modèles de l’entreprise. Je redisais au début de notre propos, on passe d’une logique linéaire, on devrait en tout cas essayer de passer d’une logique linéaire. J’exploite la ressource, je transforme la ressource, je jette. Il y a une logique circulaire qui est de dire j’exploite la ressource mais surtout je réutilise la ressource déjà existante. J’aime bien l’expression par exemple de mine urbaine pour certains types de ressources comme le plastique ou comme le cuivre. On peut avoir des mines urbaines, c’est-à-dire les travaux de plomberie par exemple. produisent du cuivre d’une certaine façon. Et puis, dans cette logique de réemploi et finalement d’utilisation le plus simple possible des ressources, là, je donne les exemples de la ressource parce que c’est facile à visualiser, mais c’est pareil pour les personnes, c’est pareil pour l’ensemble de nos interactions finalement d’entreprise. Donc, de toute façon, c’est déjà pas simple. On passe d’un modèle, en fait, centré sur le profit qui est la finalité de l’entreprise, c’est l’économie ultra-capitaliste qu’on a pu connaître depuis les années 20 avec le Fordisme notamment, à une économie qui devrait être, là encore, c’est ce qu’on essaye d’apporter à nos clients, basé sur la raison d’être de l’entreprise. La raison d’être, mission, on appelle ça comme on veut, le sens qu’on fait. Et la proposition de valeur, donc le profit, devrait être, doit être et sera, je l’espère, la conséquence de cette raison d’être. Et donc la raison d’être, pour qu’elle soit féconde, pour qu’elle porte du fruit, il faut qu’elle soit bonne. Et en fait, elle sera bonne parce qu’elle fera du bien au monde. Nous, on essaye d’avoir une punchline. Le slogan que j’avais imaginé pour l’entreprise KATHEKON quand je l’ai créée, c’était de dire à mes clients, faites de votre entreprise celle dont le monde a besoin. Et je rejoins ton mot, le monde a besoin d’entreprises qui sont vertueuses.
- Orateur #0
C’est possible d’avoir des indicateurs pour justement voir l’évolution et voir éventuellement ce retour sur investissement, des démarches qui sont entreprises ?
- Orateur #1
Oui, il y a quelques indicateurs. Alors il y a encore un gros travail à faire parce qu’on a une norme européenne, par exemple la CSRD, je ne le dirai pas en anglais parce que je vais bafouiller, qui est la dernière directive de communication un peu corporate responsable qui va s’imposer à toutes les grosses entreprises et par capillarité optique, qui a sorti 1300 indicateurs. C’est beaucoup trop. C’est une espèce d’usine à gaz. On ne va pas aller jusque là. Non. En fait, la RSE, il y a quatre piliers. Il y a un pilier environnemental, il y a un pilier social, un pilier sociétal. Nous, on utilise le mot chez KATHEKON, territorial. Et il y a un pilier lié à la gouvernance. Et en fait, là, on peut sortir. Il n’y a pas d’indicateur universel ou peu d’indicateur universel, mais on peut sortir pour chaque pilier. En fonction de ces enjeux propres d’entreprise, on peut sortir des indicateurs. L’environnement, ça peut être sur la partie climat, la réduction de mes émissions carbone. Ça, c’est un indicateur. J’ai réduit de temps chaque année. Ça peut être également privilégier les circuits courts. Et là, pour le coup, l’indicateur, ce sera le rayon moyen des fournisseurs, par exemple. Sur la partie sociale, le turnover. Le turnover, c’est un indicateur qui peut être parfois assez dangereux. Comment je le calcule et comment j’arrive à le baisser ? Ça peut être également la montée en compétences. J’ai tant de collaborateurs. Donc ça, c’est un indicateur. Sur le territorial, ça peut être la durée de la relation avec les clients. Ça peut être le nombre d’heures de mécénat de compétences que j’ai autorisé mes collaborateurs à offrir à des associations, à des écoles du coin, à des entreprises en insertion, tout ça. Sur la gouvernance, ça va être le partage de la valeur. Mon indicateur phare sur la gouvernance, c’est le partage de la valeur. Je crée de la valeur en tant que dirigeant, je partage avec mes collaborateurs.
- Orateur #0
On va avancer un petit peu et on va s’intéresser à ton positionnement en direction des entreprises situées en zone rurale, ce que j’appelle zone rurale. C’est tout ce qui est hors grande agglomération. Ça peut être une ville comme Bourg-Cambresse. Pourquoi t’intéresses-tu à ce type de structure ?
- Orateur #1
Par intérêt personnel et par passion ou par conviction. Intérêt personnel, je ne suis pas un urbain. J’ai besoin de chlorophylle dans ma vie. J’ai eu la chance de grandir en périphérie d’une ville assez grande à Aix-en-Provence. Mais on était vraiment dans la nature. J’ai passé quelques années en ville, mais je ne suis pas du tout… Je suis plutôt rural dans l’âme. Donc moi je me suis installé à Romane-Acheterin qui est un petit village entre entre Mâcon et Villefranche et j’ai envie de travailler près de chez moi en fait. Il y a une logique aussi surtout dans mon métier où je parle de circuit court, je parle de sobriété notamment dans les déplacements. J’ai tout intérêt à travailler près de chez moi. Donc moi je voulais habiter dans la campagne, je voulais travailler avec des entreprises de la campagne. Ça c’est le premier point. Le deuxième point c’est il y a une offre, il y a une pléthore d’offres d’accompagnement RSE dans les métropoles, dans les villes, dans les centres urbains. Ils ne vont jamais aux périphéries ou très peu, très très peu. Et on s’est rendu compte avec mon associé Jean-Sébastien que plus on avançait, plus les clients potentiels et nos cibles industrielles en milieu urbain, en milieu métropolitain étaient hyper adressés et il y avait une grosse concurrence. Et plus on s’éloignait, moins il y avait de personnes. Et le troisième point, et c’est le plus important, je termine par le plus important, c’est surtout que ces entreprises-là, elles font face à… deux enjeux à mon sens majeurs. Le premier, c’est l’emploi. Quand on est 8 tonnes à Montrottier, dans les monts du Lyonnais, 25 kilomètres de Lyon, je pense que c’est plus compliqué d’embaucher que quand on est une entreprise, une grosse entreprise, je n’en sais rien, de transport à Villeurbanne ou à Brou. Pourquoi ? Parce qu’on est un petit peu loin, parce que c’est en zone très rurale, parce que c’est Pommet. Il y a des usines, ce que j’appelle moi des usines de sénateurs. Tu sais, c’est les usines où un homme politique, à un moment, a eu envie de laisser son empreinte sur son territoire, donc a facilité l’installation d’un centre de production. Ces usines-là, elles ont cet enjeu d’employabilité parce que la main-d’oeuvre n’est pas tout près, la main-d’oeuvre peut être loin et puis il faut donner envie de venir à la campagne. C’est pas forcément évident, ça c’est le premier point. Le deuxième point, c’est qu’on est sur des enjeux de territoire. Si demain on laisse tomber la ruralité et les périphéries urbaines, je parle des grandes périphéries, là pour le coup je parle pas de banlieue quand je dis périphérie, en fait on va tuer la cohésion du territoire, ça c’est le premier point. On va abandonner toute une partie de la population et notamment une population rurale qui nous nourrit. avec qui déjà on n’est pas forcément toujours hyper reconnaissant en France en tout cas. Et on va finalement accentuer des injustices sociales entre des milieux urbains hyper pourvus en emploi, en service, et des zones rurales où ce sera le désert. Il y a déjà des déserts médicaux, on va avoir des déserts d’emploi, on va avoir des déserts de service, tout ça. Et maintenir ces entreprises, leur donner les moyens, les aider à répondre aux enjeux de RSE auxquels ils sont confrontés, c’est aussi jouer sur leur attractivité. leur permettre de faire bénéficier de leur dynamique l’ensemble du territoire sur lequel elles sont implantées. Et je pense que si on regarde à très long terme, c’est pas que bon pour ces entreprises-là, c’est bon pour l’ensemble du territoire. Et dans une logique un petit peu de justice sociale, et la RSE, elle doit servir la justice sociale autant que la justice climatique. C’est quelque chose qui, pour moi, est essentiel. On ne peut pas passer à côté. Et donc moi, j’avais envie d’adresser, en fait, d’accompagner ces entreprises-là dans une logique un peu de bien commun, c’est-à-dire de vraiment dire vous apportez, en fait, vous apportez à vos territoires, vous apportez. À l’ensemble du tissu économique français, il n’y a pas de raison qu’on ne vienne pas vous aider à réussir vos transitions parce que vous n’aurez pas le choix, comme les entreprises urbaines, vous devrez vous transformer.
- Orateur #0
Alors est-ce que l’idée, est-ce que c’est un a priori de penser que les entreprises rurales sont un peu plus vertueuses que les entreprises situées dans les grandes agglos du fait qu’elles sont situées dans un environnement qui incite à plus d’attention à son activité parce que les salariés habitent juste à côté ?
- Orateur #1
C’est une question hyper difficile. Je pense qu’aujourd’hui, il y a un biais qu’il faut casser, c’est que l’entreprise n’est pas la cause de tous les maux de la planète. Ça, c’est un premier point. C’est-à-dire que qu’elle soit en ville ou à la campagne, il y a des entreprises qui se comportent comme des voyous et il y a des entreprises qui se comportent de façon hyper vertueuse. Il n’y en a pas plus en proportion de vertueuse, à mon avis, à la campagne qu’en ville. Clairement pas. Il y a une différence majeure, c’est qu’en ville, vous êtes noyé dans une forme de masse qui fait que parfois, il y a des choses qui passent inaperçues, qu’à la campagne, on voit beaucoup plus. Donc quand vous faites le bien, ça se voit plus et quand vous faites le mal, ça se voit plus aussi. En revanche, non, moi, je ne pense pas qu’il y ait une différence d’approche sur aujourd’hui tous ces enjeux-là entre les entreprises de la campagne et les entreprises de la ville. Je pense qu’il y a des enjeux, notamment logistiques, sur les entreprises rurales hyper importants, le fameux dernier kilomètre. Et c’est vrai que là, dans une logique climatique, par exemple, il y a des solutions qu’on n’a peut-être pas encore trouvées, sur lesquelles il faudrait qu’on travaille. Je pense que d’un point de vue climatique, par exemple, allez si je devais, mais alors ça repose sur rien, ce que je vais dire c’est intuitif, mais moi j’aurais tendance à imaginer qu’il y a peut-être plus de difficultés à répondre aux enjeux climatiques dans les entreprises rurales, du fait notamment de l’éloignement, que les chaînes d’approvisionnement du coup impliquent plus de déplacements, mais qu’elles sont peut-être plus en avant sur les enjeux sociaux, parce qu’il y a des notions de lien, de solidarité, de proximité, surtout entre le collaborateur et l’entreprise qui sont réelles. du fait qu’il n’y ait pas cette masse de personnes et qui fait que la relation revient au centre du travail. Mais vraiment, c’est une intuition. Je n’ai pas d’études qui montrent que c’est mieux ou moins bien d’un côté ou de l’autre.
- Orateur #0
Ce qui est un fait, c’est qu’effectivement la mobilité en zone rurale, c’est une vraie problématique qui est compliquée à résoudre. Encore aujourd’hui, on cherche des solutions qui ne sont peut-être pas forcément non plus uniformes à appliquer partout. Par exemple, le département de l’Ain est à la fois un petit peu urbain au niveau de la périphérie de Lyon, de Genève. et à la fois très rural dans le nord du département, un peu montagneux, il y a de la plaine, donc on ne peut pas appliquer la même solution de partout. Il y a des solutions qui se testent, certaines marchent, d’autres pas. Je pense qu’on tâtonne encore beaucoup là-dessus.
- Orateur #1
Bien sûr. De toute façon, il n’y aura pas de solution qui viendra exclusivement du monde de l’entreprise ou des pouvoirs publics ou des associations ou des habitants. Nous, on a un client à Blis, dans l’Inde.
- Orateur #0
Sud du département.
- Orateur #1
Exactement, pas très loin de Pérouge, pour ceux qui aiment l’histoire et les tartes au sucre, il faut aller à Pérouge.
- Orateur #0
Un très beau village, village préféré des Français.
- Orateur #1
Un des villages préférés des Français, tout à fait ravissant. Bref, on a ce client-là qui est une usine toute neuve, flambant neuve, de collecte et de retraitement des déchets. plastique, on va dire, des 3E, issus de l’électrique, de l’électronique. Ils sont en galère pour recruter. Et pourtant, moi, j’ai vu, j’ai vu la politique salariale, je me suis même posé la question de lâcher ma boîte pour aller chez eux. Non, non, ils sont en galère pour recruter. Et pourtant, ils font tout ce qu’ils peuvent. Simplement, aujourd’hui, dans la ruralité, on a ces problématiques d’emploi, ces problématiques d’attractivité. Comment est-ce qu’on répond à l’attractivité ? Par des services aussi. C’est hyper difficile. de se dire, moi j’ai trois enfants, je m’installe à Romane-Ajtoin, c’est vrai qu’on a regardé les écoles, on a regardé la maison médicale, on a regardé certaines choses, et heureusement on n’a pas tout regardé, parce qu’on se serait peut-être dit, oula, ça va être compliqué. Mais je me dis, nous trois enfants, 4 ans et demi, 3 ans et demi, 2 ans, c’est pas grand, on a besoin d’avoir un médecin généraliste ou un pédiatre, il y a une maison médicale à 500 mètres de la maison, on se dit super, il y a deux médecins qui sont malades, on a de la chance, sauf qu’on a mis un an et demi à penser.
- Orateur #0
Oui, effectivement, les délais d’attente après, c’est encore autre chose, oui.
- Orateur #1
Les délais d’attente. Et quand je dis ça, c’est pas du tout pour jeter la pierre à la maison médicale. C’est comme ça. Il y a une demande qui est forte et c’est un problème qui est national, qui est partout. Il y a plein de choses géniales, mais effectivement, en termes de services, en termes d’accessibilité de certains conforts de vie, faire bouger des gens dans des zones rurales, il faut que soit comme moi, qu’ils ne soient pas urbains du tout, et ma femme non plus, donc on s’est bien trouvé là-dessus, soit effectivement qu’on puisse les attirer. Politique salariale, politique marque employeur. sens au travail tout ça ça va jouer mais moi si je vous dis le job de vos rêves en plein milieu du désert où il faut faire trois heures de pistes chaque jour pour y aller exactement donc c’est vraiment une réponse collective qu’il faut apporter en fait c’est ça que je veux dire c’est je pense que les entreprises font leur part que la plupart des entreprises font leur part je pense que mais voilà il faut pas tout attendre de l’état il faut pas tout attendre des collectivités mais il faut pas non plus tout attendre des entreprises pour répondre à ces enjeux là donc c’est un travail en fait d’un collectif mais au sens vraiment large
- Orateur #0
entre élus, entre associations aussi, qui parfois peuvent aussi apporter beaucoup.
- Orateur #1
Le tissu associatif, c’est hyper important.
- Orateur #0
Voilà, ouais.
- Orateur #1
Et puis, il y a un travail d’éducation. La campagne, c’est bien. La campagne ne pollue pas. Voilà, il faut aussi faire réaimer la ruralité à nos enfants, copains, à nos collaborateurs, à nos concitoyens. C’est-à-dire qu’il y a aussi une vision très rétrograde aujourd’hui de la ruralité. Moi, j’ai discuté avec un… Un chef d’entreprise, on parlait de notre projet de ce positionnement justement sur les entreprises rurales.
- Orateur #0
Ils ont dit mais vous êtes idiots, vous n’allez pas en plus devoir mettre des bottes pour aller dans la boue. Bah si, si, si, moi aussi je dois aller mettre des bottes et j’ai été assez choqué de cette réaction. Et je me dis finalement, il y a quand même beaucoup de biais, de clichés, d’a priori qui reposent sur absolument rien, sur la ruralité qu’il faut qu’on apprenne à casser aussi. Et c’est hyper important pour ça d’apporter cette réponse collective et de valoriser, de mettre en avant, et merci pour ce podcast parce que je pense que c’est top là-dessus, de mettre en avant toutes les dynamiques dans les périphéries et toutes les dynamiques dans les zones rurales parce que c’est… hyper vivant la ruralité en fait. Et particulièrement en France, on a la chance d’avoir une ruralité qui est top.
- Orateur #1
Oui, on peut trouver des entreprises, on peut être surpris, trouver des entreprises qui sont super en avance, même au niveau des constructions, des infrastructures très sympas qui ressemblent à des bureaux de ville, de grandes villes, et inversement, en périphérie de grandes villes, il y a des entreprises, je ne peux pas dire que c’est Zola, mais on n’est pas très loin quoi.
- Orateur #0
Si, c’est Zola pour certaines zones. Il suffit de se balader en train, nous on se balade en train et du coup les voies ferrées passent au milieu de certaines zones d’activité, c’est Zola.
- Orateur #1
C’est des gens qui peuvent travailler par 2 degrés l’hiver. Ça existe encore en France.
- Orateur #0
Et dont les fenêtres des logements sociaux donnent sur l’aéroport ou sur le train. Est-ce qu’on est mieux là qu’à la campagne ? J’en sais rien. Mais en revanche, effectivement, c’est se dire qu’il y a des bijoux industriels, il y a des bijoux d’entreprise qui sont dans les campagnes. Moi, j’aime bien, j’ai passé du temps en Vendée et j’aime bien parler de l’industrie vendaine. C’est une industrie qui est super rurale. Elle m’a probablement inspiré. même si j’en ai pas parlé et ça me revient que maintenant mais elle m’a sans doute inspiré quand on se balade entre luçon les sabdelon lavandais là c’est cette espèce de plaine que moi je trouve maîtriser enfin je trouve les plaines tristes à mourir donc celle ci peu plus qu’une autre mais pas moi faire plus plat ouais on peut pas faire plus plat quand j’ai l’impression que en sautant je peux avoir une vision à 360 du mont blanc jusqu’au jusqu’au fin fond de l’atlantique royal cantal au milieu c’est vrai du du coup des allées on va dire de du pute d’homme Non, plus sérieusement, c’est un département qui est très rural et on a des pépites industrielles qui sont absolument incroyables, qui sont situées dans ce département et avec un taux de chômage qui est très faible. Donc il y a des départements qui sont capables de répondre et c’est des réponses qui sont collectives. Ce n’est pas que des réponses politiques ou des réponses économiques. Il y a des réponses qui sont collectives. Il y a d’autres zones, la vallée du plastique, pas très loin d’ici aussi. Il y en a. Voilà, du côté d’Oyonnax. Et Oyonnax, ce n’est pas que le plastique. Il y a un club de rugby extraordinaire, il y a plein de choses à Oyonnax. Il y a la montagne juste à côté, il y a le Jura qui n’est pas très loin. Ce sont des réponses qui sont collectives. Mais aujourd’hui, il y a des pépites dans la ruralité. Et là, pour le coup, je pense qu’il y a beaucoup plus de pépites en proportion dans les entreprises en zone rurale qu’en proportion dans les entreprises urbaines.
- Orateur #1
On va passer à la troisième partie de ce podcast. On va aborder la communication. Les entreprises qui ont instauré l’ARC dans leur ADN, comment elles peuvent communiquer ? Sur ce sujet-là, est-ce que communiquer que sur la RSE, c’est une bonne idée ? Ou est-ce qu’on doit communiquer de manière globale, notamment en abordant le sujet de la RSE ?
- Orateur #0
C’est hyper délicat de communiquer sur la RSE. Si vous communiquez exclusivement sur la RSE, on va se dire hop, hop, hop, hop, hop, qu’est-ce que c’est que cet arbre qui va cacher le désert et non pas la forêt, puisqu’on va se dire qu’il n’y a rien derrière. C’est ce qu’on appelle le greenwashing ou le social washing, si on communique exclusivement sur ses avantages, sur sa performance environnementale ou sociale. ou de gouvernance, il faut communiquer bien sûr, c’est hyper important. En fait, la communication, c’est quoi ? C’est de la relation déjà. C’est créer une relation avec son écosystème. Moi, je te rejoins, il faut communiquer global. C’est-à-dire que la RSE, faisant partie de l’ADN de l’entreprise, dans un monde idéal, il n’y a pas de raison d’extraire et de communiquer que sur un génome ou sur un chromosome de l’ADN de l’entreprise. On a intérêt à communiquer sur tout. Mon rêve à moi, c’est que le terme RSE, d’ailleurs, disparaisse demain et qu’on parle juste de responsabilité, qu’on parle juste de… de bénéfices, de contributions au bien commun, aux écosystèmes, à ce qu’on veut. Pour moi, c’est le premier point. Pro, parler exclusivement de la RSE, c’est un risque. C’est un risque de se faire taper sur les doigts et souvent à juste titre, parce qu’on va se dire que ça cache quelque chose. Donc, ce n’est pas facile de communiquer sur la RSE, mais moi, je pense qu’il y a un maître mot, il y a deux maîtres mots, en fait. C’est la vérité et la transparence. La vérité, c’est je me suis raté, je communique aussi. Et puis la transparence, je parle aussi de mes limites, de mes faiblesses. On est améliorable, parce que finalement, la RSE, c’est de l’amélioration continue. Donc on a le droit de dire, voilà, là, on n’est pas bon, là, on est bon. Mais si on dit que là où on est bon, à mon avis, il y a une faiblesse. Mais après, moi, je ne suis pas pro de la com, mais je pense qu’on a tout intérêt parfois à ne pas mettre en lumière, mais en tout cas, ne pas cacher ses faillures, ses faiblesses ou ses défauts. Humainement, en tout cas, c’est important. Il n’y a pas de raison qu’à l’échelle de l’entreprise, ça ne le soit pas.
- Orateur #1
Oui, communiquer avec sincérité, ça paie une kiné.
- Orateur #0
En fait, c’est ça, il faut que la démarche pour communiquer, je pense qu’il faut se poser la question de la communication après la démarche. Et j’aime beaucoup ton mot de sincérité parce que pour moi, c’est un mot qui est central. C’est-à-dire qu’il faut que la démarche soit profondément sincère. C’est-à-dire que si j’annonce en communication que j’ai engagé mon entreprise dans un chemin de transformation vers plus de vertu, plus de réduction de l’impact environnemental, il faut que la démarche en amont qui sert de socle à cette communication soit sincère. C’est ça qui va être intéressant. En revanche, si c’est juste sortir des brouettes complètes d’indicateurs en disant là, on a fait ça, ça, ça, ça, ça, on est quasiment sur de la compliance ou sur de la conformité finalement. Donc, c’est se donner bonne conscience à moindre frais. Moi, je ne trouve pas ça très bien.
- Orateur #1
Oui, et puis du coup, la communication, elle en prend aussi pour son grade. On va dire c’est de la com, il n’y a rien derrière. Ou alors que l’idée, c’est quand même de pouvoir s’appuyer sur des choses qui sont une réalité dans l’entreprise.
- Orateur #0
En fait, c’est ça, c’est ce qui manque. Moi ce que je trouve génial dans la communication C’est que si elle est bien faite Elle donne envie de s’émerveiller Et moi si je suis chef d’entreprise Bien sûr que je vais communiquer sur ce que je fais Parce que j’aime ce que je fais Après la communication, comme je dis communiquer C’est faire un pas vers l’autre Et pour faire un pas vers l’autre J’arrive pas forcément qu’avec mes bijoux Mes trucs qui brillent et tout ça Parfois je fais un pas vers l’autre avec mes limites En disant viens m’aider aussi s’il te plaît Et c’est un peu ça la communication Ça va créer du dialogue, ça va créer de la relation C’est hyper beau Et moi, j’aime beaucoup, et c’est aussi un des sens de notre présence en zone rurale, moi, je trouve qu’on a besoin de s’émerveiller. Et il y a des entreprises qui font des choses merveilleuses, il faut qu’elles le disent. C’est hyper important.
- Orateur #1
Alors, je vais aborder la communication interne. Donc, la démarche RSE, ça demande, j’imagine, d’embarquer tous les salariés aussi. Et c’est peut-être une occasion aussi de fédérer, de renforcer le sentiment d’appartenance des salariés autour d’un projet qui, forcément, va les impacter. tant sur leur travail, sur leurs conditions de travail.
- Orateur #0
Clairement, le point central avant d’embarquer, c’est il faut savoir où est-ce qu’on les emmène. Oui, bien sûr.
- Orateur #1
Il y a déjà un travail avec le dirigeant ou les dirigeants.
- Orateur #0
Donc le dirigeant a déjà un premier travail à faire sur sa vision. Il ne peut pas tout être dans un arche de Noé en se disant on va flotter et puis on verra dans 40 jours. Non, il faut un bateau et il faut que le bateau aille quelque part si on veut embarquer les gens dans le bateau. Ça, c’est hyper important. Et donc, je pense que la première étape, c’est que le dirigeant formalise son cap. Sa vision, le ou les dirigeants. Alors pour ça, il peut le faire de plein de façons. Ça peut être descendant sur des petites structures. Il y a des gens qui sont très intuitifs, pourquoi pas. Ça peut être en collaboratif, ça peut être en co-construction de la vision du projet d’entreprise. Ça, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise solution. En revanche, il faut qu’il y ait une vision qui soit claire, il faut qu’il y ait un cap. Et un cap, ça veut dire quoi ? Ça veut dire une direction et des objectifs. Ça, c’est hyper important. Et derrière, une fois qu’on a fait ça, effectivement… embarquer l’ensemble des collaborateurs, c’est nécessaire. Et si on est dans une logique de durabilité, de responsabilité, ce sera plus facile. Et la communication interne, elle a un rôle génial à jouer parce que qu’est-ce qu’on va dire aux collaborateurs ? Si on n’est que descendant, on va leur dire, voilà, ça c’est le projet, on y va. Bon, ça ne marchera pas forcément. En revanche, qu’est-ce qu’elle va dire la communication ? Elle va dire, voilà le cap. On a besoin de vous pour tenir ce cap. On a besoin de vous pour atteindre ces objectifs. Donc voilà ce qu’on a envie de mettre en place. Mais venez nous aider à réussir. Venez apporter votre contribution. Et en fait, on va se retrouver dans une logique de dialogue à nouveau, ascendant-descendant, parfois très horizontale. Ça va dépendre du modèle d’entreprise que le chef d’entreprise a envie de mettre. Mais là, pour le coup, ça crée de l’embarquement. Et en fait, la communication interne, elle retrouve le sens de communiquer. C’est-à-dire qu’elle fait un pas vers, donc elle permet à la vision de faire un pas vers ceux qui vont la porter. Et puis, elle permet aussi à ceux qui portent la vision, qui vont la concrétiser, de faire un pas vers ceux qui la définissent.
- Orateur #1
Au niveau de Cat&Con, comment vous communiquez, justement ? C’est une petite structure, donc j’imagine qu’entre vous, il n’y a pas de souci ?
- Orateur #0
Alors nous, déjà, on a nos bureaux côte à côte avec Jean-Sébastien. Donc on communique tout le temps, on s’appelle. En fait, il y a plusieurs façons de communiquer. Si je vais parler déjà nous en interne, parce qu’aujourd’hui, on est deux, on sera bientôt trois, bientôt quatre. On a des communications entre dirigeants. Donc là, c’est un point mensuel de vision. C’est un lancement de semaine tous les lundis matins où on va faire un point commercial, où on en est dans nos sujets, dans un point de production. On va aborder un peu les irritants éventuels, les choses. Donc là, c’est une forme de transparence. Transparence qui se matérialise d’ailleurs par nos outils. On a décidé qu’on avait des outils, j’en sais, accès à tous mes espaces de travail et vice versa. À part ce qui relève de l’intimité familiale, il y a ce côté à la fois transparence, dialogue permanent. Et ensuite, en interne, avec les nouveaux arrivants, déjà, on a travaillé énormément sur les process de recrutement et sur l’accueil. On met en place, et ça, c’est ce qu’on met chez nos clients aussi, donc on fait chez nous tout un parcours d’accueil et ensuite un parcours collaborateur. Et ensuite, avec l’extérieur, avec nos clients, très clairement, moi j’ai fait le choix, et Jean-Sébastien le partage, de la transparence absolue. C’est-à-dire que quand on a une difficulté, quand on n’y arrive pas, on le dit à nos clients, et ça crée une relation de confiance qui est incroyable. Parce que quand on réussit, on le dit à nos clients aussi. On est en co-construction permanence avec eux, donc de toute façon, il faut du dialogue.
- Orateur #1
Les clients le comprennent qu’eux… Vous les consultants, il y a un petit moment de blocage ?
- Orateur #0
En fait parfois il y a des moments de blocage parce que nos deux entreprises ne sont pas au même rythme. Parfois on lève des loups, entre guillemets des loups, mais on lève des sujets sur lesquels nous on n’est pas forcément compétents. Donc il faut aller chercher la compétence s’ils veulent qu’on continue à adresser ce sujet. Parfois aussi, j’ai eu un départ en plein milieu de mission l’an dernier, un petit mail, je m’en vais à la fin de la semaine, Eric prend le relais. On a tous appris les choses en même temps. Sur une mission où je n’avais pas encore l’expertise technique, même si j’étais en train de monter en compétences, je suis allé voir mes clients et je leur ai dit Ecoutez, la personne qui était avec vous au quotidien s’en va, je prends le relais. D’accord, je vous préviens, je suis en train de me former, mais voilà ce que j’ai compris de la mission, voilà où on en est, voilà où je vous propose d’aller. Et ils m’ont dit, mais en fait ça c’est la vie d’une entreprise, on a confiance en vous, merci, on y va. Voilà, donc ça c’est hyper vertueux. C’est hyper important de communiquer en vérité, en transparence avec ses clients. On perd jamais, on perd toujours à mentir à long terme. Dire la vérité, moi je suis persuadé que c’est un pari qui est tout le temps gagnant, même quand elle n’est pas facile à entendre.
- Orateur #1
On va terminer cet entretien avec une dernière question. Si tu avais une baguette magique, qu’est-ce que tu aimerais changer, transformer, créer au niveau de ton activité ou au niveau des entreprises ?
- Orateur #0
Au niveau des entreprises, monio, non-activité, je ne sais pas. J’aime tellement là où je suis pour le moment. Et même si parfois je doute, parfois je me demande si je suis à ma place. Parfois, je ne sais pas si ce qu’on fait, on le fait bien, tout ça. J’ai pas envie de changer parce que je suis dans une phase encore de découverte à la fois du métier que j’exerce et puis surtout moi de ma fonction en dirigeant d’entreprise. J’essaye d’expérimenter, j’essaye d’y mettre du sens, j’essaye de… Mais donc j’ai pas envie de changer ça parce que c’est hyper grisant comme période. Si j’avais une baguette magique, je crois que je changerais un truc qui s’appelle le business model ou les canvats de business model qu’on voit partout dans tous les étudiants, chez tous les étudiants, dans toutes les écoles de commerce. Ou au centre de ce business model, il y a un truc qui s’appelle la POV, la Proposition of Value. En gros, qu’est-ce que je vends ? Et si j’avais une baguette magique, je changerais dans le cerveau de tous ceux qui ont conçu ça, cette case-là, et je la remplacerais par la raison d’être là. Et en fait, je changerais, j’inscrirais avec ma baguette magique dans le cœur de chacun ou dans la conviction, je ne sais pas jusqu’où je pourrais aller avec ma baguette, mais cette idée qu’une entreprise pérenne, c’est une entreprise qui place au cœur. cœur de son fonctionnement, sa raison d’être et qui aligne l’ensemble de sa chaîne de production, de valeur, de fonctionnement avec sa raison d’être. C’est ça que je ferais. Et j’aurai plus de boulot, mais c’est pas grave. Oui,
- Orateur #1
il y a encore du chemin. Je pense qu’il y en a encore quelques belles années devant toi. Merci beaucoup, Éric Chazan, pour cet échange. En tout cas, moi, j’ai vraiment apprécié tout ce que tu as dit. C’était vraiment super intéressant. J’ai découvert la RSE de manière plus approfondie et j’espère que les auditrices, les auditeurs vont… apprécieront également notre échange.
- Orateur #0
Écoute, longue vie à ton podcast en tout cas et puis fais vivre la ruralité, on en a besoin.
- Orateur #1
Écoute, mi-emploi. Merci, à bientôt, au revoir. C’est ainsi que ce podcast s’achève. Merci pour votre écoute. J’espère que cet épisode vous a plu, qu’il vous donne envie d’en parler autour de vous, de le partager. Rendez-vous dans un mois pour découvrir le prochain épisode. D’ici là, vous pouvez consulter mon site www.glc-du6com.com slash podcast. Ma page est dédiée aux notes backstage info inédite sur ce podcast. A très bientôt !
À propos de Communication de campagne
Bienvenue à l’écoute du podcast Communication de campagne qui donne la parole à celles et ceux qui choisissent la ruralité et en font une force pour réaliser leur projet, loin des grandes agglomérations. Le département de l’Ain est le point de départ de cette aventure.
Je suis Gaëlle Lethenet, j’habite le département de l’Ain, mon département d’origine, après avoir vécu quelques années dans les Pays de la Loire.
Chaque mois, je vous propose d’aller avec moi à la rencontre de celles et ceux qui font de la ruralité une force.
Professionnelle de la communication, j’aborde également ce sujet, toujours dans l’intention d’en dentifier les spécificités en zone rurale.
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Pour m’écrire : comdecampagne@gmail.com.